On pourrait vous sortir la même rengaine qu'on lit partout dès qu'on veut parler de s'offrir du temps ou d'être plus slow, qu'on vit dans un monde toujours plus connecté et toujours plus productif. C'est pas faux, mais ça ne fait rien avancer. Cette reflexion qui suit est partie d'une simple discussion entre nous à propos du retour de l'hiver qui approche, synonyme de pause créative en général pour nous. La période de l'année où les projets se font un peu plus rares, où les cerveaux et les corps sont moins à fond et c'est donc l'occasion pour nous de faire le point sur ce qu'on aimé ou ou non cette année. Si des choses mériteraient de changer dans nos approches que ce soit pour l'image, mais aussi les sports qu'on pratique comme nos passions. On tache d'analyser et digérer l'année tout en se questionnant sur l'année qui suit.
Ça fait des années que ce cycle de pause hivernale revient naturellement, sans le forcer, il s'impose à nous. On se pose des questions techniques, technologiques mais aussi presque philosophiques. Qu'elles soient à propos de notre manière de retoucher nos images, le choix de matériel ou tout simplement notre approche de nos vies de papas respectifs en quête d'équilibre entre temps pour soi, vie de famille et vie professionnelle.
Dans tout ce brouhaha de l'année, au rythme où les feuilles tombent des arbres, nos inquiétudes et projets de l'année commencent à se dissiper. On retrouve un rythme sain, plus lent qui pousse à la reflexion et un peu à l'introspection et qui donne envie de s'offrir du temps pour soi, du temps pour penser.
S’OFFRIR DU TEMPS POUR PENSER
Ce temps là, on s'en procurait davantage par le passé en partant passer un week-end dans une cabane dans le Vercors ou lors de courts séjours en Bretagne ou en montagne. Et c'est l'autre jour, lorsque Greg a partagé un article de Beside Magazine, que nos cerveaux ont eu la sensation de se sentir compris. Comme si on avait ouvert une porte sur quelque chose de soupçonnée mais de non caractérisé. Plus on vieillit, plus on ressent ce besoin de connexion au tactile, au tangible, à la simplicité et à l'intemporalité.
Greg a renoué depuis quelques mois avec des carnets papiers et de beaux stylos pour prendre des notes. On a regouté à l'argentique ces dernières années et notre attachement au beau et qualitatif a toujours pris le dessus sur le rapidement consommable et moins qualitatif. Que l'on parle d'objet comme de contenu. On se reconnecte au plaisir de la pellicule, on moud notre café à la main, on puise l'inspiration auprès de personnes connectées au rythme de la nature, mais en même temps, les idées fusent toute l'année dans nos cerveaux, au rythme fluctuant de nos vies. On en note certaines à la volée sans forcément y revenir. On se lance. On essaie. On rate parfois. On réussit d'autres fois. Mais tout ça manque de structure, de routine et de vrai temps pour penser.
Certains sujets reviennent chaque année, on les résout et on les pense fermés pour de bon et pourtant ils reviennent. Ça nous a sauté aux yeux en relisant des e-mails qu'on s'envoyait il y-a 10 ans et parmi lesquels figurent des questions qu'on se re-posait encore il y-a peu. La lecture de cet article de Beside a été l'occasion de nous donner une ligne directrice à cette pause hivernale à venir. Reconnecter à ce besoin de se poser pour penser, pas uniquement pour passer d'onglets en onglets ou se perdre dans les méandres de nos découvertes inopinées au gré des vidéos ou des posts qu'on peut voir passer. Maintenir un temps pour tout, mais ne pas oublier de nous replonger dans certaines notes ou carnets, structurer nos réflexions et nos idées, car qui sait... Il y-a sûrement quelques pépites qui n'ont jamais vu le jour et qui dorment dans ces pages. Jeremy commence d'ailleurs à se laisser tenter par le stylo et le papier, tout doucement. On reflechit pas mal à cette idée de routine créative, mais il y-a encore beaucoup à explorer et découvrir.
"L’INTERÊT D’UNE RETRAITE CRÉATIVE, C’EST DE S’IMPOSER UN CONTEXTE OÙ IL EST PLUS FACILE DE LAISSER GERMER LES IDÉES. ELLES PEUVENT ÉVENTUELLEMENT S’ÉPANOUIR EN RÉFLEXIONS SUBSTANTIELLES À PARTAGER AVEC LES AUTRES.” — BESIDE MAGAZINE
Cet article, on va le garder comme un livre de chevet tout l'hiver pour pouvoir s'y référer et le relire de temps à autre pour ne pas perdre le nord. L'idée est de continuer sur certaines choses déjà mises en place mais aussi et surtout remettre au centre de nos pré-occupations cette liberté de réflexion, indépendante d'un écran. On y passe assez de temps toute l'année, qu'il nous parait nécessaire de couper par intermittence pour mieux se recentrer. Laisser le temps au cerveau d'oublier ce qui nous parait excitant après le visionnage d'une vidéo qui a piqué notre curiosité pour mieux le laisser déambuler dans nos pensées et parmi nos notes esquissées.
RETRAITE CREATIVE ≠ ROUTINE CREATIVE ?
Ce concept de retraite créative nous parle beaucoup. Il y-a quelques années, on s'octroyait au moins un week-end par an pour se retrouver, les appareils photos jamais très loin, mais sans objectif très précis. Sans pression de résultat en tous cas. On continue à se voir chaque année, mais c'est souvent lié à un projet. Avant d'être un duo qui a formé CAPTAIN YVON, nous sommes avant tout des amis. Des amis créatifs. Quand l'un avance dans une direction, il est peu probable que l'autre avance à l'opposé dans son coin. Et c'est qui fait toute la richesse de cette amitié. Elle est un vrai pilier dans notre quotidien pour naviguer autant les moments de doutes que d'excitation.
L'un de nos coups de coeur depuis plus d'un an, c'est le podcast "Petit Journal d'un Créatif", de Francis Chouquet qui partage lors de balades en pleine nature, ses réflexions autour de sa routine, sa gestion de son métier créatif et équilibre avec sa vie familiale et santé mentale. Des épisodes courts, bien narrés, authentiques et simples qui sont toujours une bonne dose d'air frais qui nourrissent nos propres reflexions ensuite.
Après avoir pris conscience de la richesse de notre amitié dans nos approches créatives, on a mis en place une réunion hebdomadaire depuis plus d'un an, qu'on a appelé "Pause café" dans nos agendas. Une heure de notre temps à échanger par FaceTime sur nos idées, cette newsletter, nos blogs, la vidéo, nos envies ou nos vies. Si on fait des réunions pour planifier des projets ou travailler sur des sujets précis, cette heure là est libre. On y discute de ce dont on a envie. On a même déjà partagé ça ponctuellement avec une autre personne et c'était super enrichissant. C'est un peu comme écouter un podcast mais en réagissant aux propos de l'autre.
Cette notion de retraite créative, si elle est surtout décrite comme un isolement dans un lieu neutre, on s'imagine la dupliquer à plusieurs échelles. Notre pause café serait notre retraite créative hebdomadaire, et on réfléchit à en délocaliser une par mois en s'appelant depuis un lieu en pleine nature afin d'aérer nos cerveaux pendant cette pause.
Enfin, il nous resterait alors qu'à mettre en place une vraie retraite créative de plusieurs jours, au moins une fois par an, dans un lieu neutre. L'idée de cette retraite créative annuelle doit être remis tout en haut de la liste de nos priorités, ni chez l'un, ni chez l'autre, mais dans un lieu nouveau qui stimulera d'autant plus nos esprits, tout en restaurant un vrai moment de camaraderie entre amis. Ça nous rappelle d'ailleurs la "work sheet" de Cedric Schanze, un réalisateur allemand qu'on aime beaucoup, et qui, depuis plusieurs années, part 1 semaine avec un ami pour réfléchir ensemble autour du même sujet : "Dans quel genre de monde voulons-nous vivre et quelle est notre contribution, un lundi matin, pour faire de ce monde une réalité ?"
Vaste sujet auquel chacun de nous peut prétendre répondre avec sa vision, mais qui amène à une reflexion plus globale qui selon nous pourrait ramener plus de risque d'anxiété avec l'actualité et de reflexion politique, là où ce que nous recherchons, peut-être un peu égoïstement, c'est nous re-centrer sur nous justement. Sur notre vision et l'évolution des virages qu'on souhaite prendre. Qu'ils soient créatifs ou de vie. On croit beaucoup au pouvoir de se retrouver avec nous même, sans pour autant vouloir attendre uniquement que cela se passe une seule fois par an. Et finalement, ce qui se dessine, c'est plutôt que la retraite et la routine vont de paire et qu'il manquerait une pièce au puzzle si l'une des deux venait à manquer.
CRÉATIF MAIS SANS IMAGE
Notre année est rythmée par l'image, qu'elle soit dans nos métiers, dans nos projets ou dans nos passions. On se rend de plus en plus compte que notre créativité peut aussi être stimulée autrement. Jeremy s'essaie à l'aquarelle depuis cet été de manière plus ou moins assidue, il a la couture aussi avec ses sacoches de vélo, et le plaisir aussi de bricoler son vélo comme sa maison, tout du moins, faire quelque chose avec ses mains. Chez Grégory ça se caractérise davantage par le bricolage, le jardinage et la lecture. Mais on se rend compte que nous offrir du temps pour penser ne signifie pas toujours avoir l'appareil à portée de main mais plutôt faire quelque chose de radicalement différent, concentré sur la tonte de son gazon, le ramassage de ses courgettes ou la peinture pendant quelques minutes ou quelques heures pour laisser nos cerveaux voguer dans les pensées qui nous viennent, et pas seulement vers les idées dont on souhaite les abreuver. Aussi passionnés d'images que nous soyons, le besoin de trouver l'épanouissement ailleurs est inéluctable et permet d'avancer bien plus qu'on ne pourrait le penser.
On espère que ce sujet vous aura parlé, et maintenant, coupez toute distraction, prenez le temps de vous poser pour lire cet article de Beside Magazine. Prenez une tasse de thé ou café, avec un papier et un stylo et lisez-le en vous auto-analysant au fur et à mesure de sa lecture. C'est ce qu'on a fait et ça nous a fait un bien fou.
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Très bien l’article de Beside. Je prends pas mal de moment « pour moi » pour réfléchir mais j’avoue ne pas prendre assez de notes. Ces derniers temps ça semble changer mais je mélange idées, dessin et plein de choses sur le même carnet. Je devrais peut-être séparer certaines choses. Enfin, je crois et milite pour se couper du quotidien en allant en ville ou dans la nature pour avoir ces moments de retraite. J’aime bien les idées de la fin de l’article comme trouver un café dans un coin de ta ville que tu connais pas. L’aventure et les idées sont souvent en corrélation :)
Merci pour la reco :) Je m’excuse de ne pas être autant assidu depuis un moment mais ralentir entraîne parfois aussi le besoin de mettre de côté certaines choses. Mais ça me manque et je pensais justement aujourd’hui à enregistrer de nouveaux épisodes. Mais je dois penser le podcast différemment, plus comme un journal qu’un outil ou une présence supplémentaire en ligne. Je vais lire l’article de Besides magazine de ce pas :)